KINO-JOURNAL DU SPECTATEUR ETONNÉ 0839728OS-2015 – PHOTOS 3D ANAGLYPHIQUES
EDGAR PÊRA – Alors pour toi qu’est-ce que c’est vraiment le Cinema Argentique aujourd’hui?
F.J. OSSANG – Je suis rentré un peu par hasard à l’école… parce que a 23 ans, le rock’n’roll, la musique industrielle… et la poésie… j’étais vraiment sans avenir a 23 ans. Et donc j’ai passé le concours de l’école… Mais a l’époque j’étais beaucoup plus piloté par “Révolution Electronique” de William Burroughs ou tout ce qu’était en direction du détournement. Et finalement, je pratiquai la video mais j’imaginais pas du tout faire du cinema. Et donc j’étais dans une pratique non-fétichiste du Cinéma, de l’image, des trafics, des détournements… Je faisais la video dès 1980… c’est un peu ce que m’a appris la conscience du cadre. Parce que c’était le cadre mais je n’étais pas adepte de photographie non plus. Donc, c’était vraiment l’image mobile que me captivait. Donc, je suis entré a l’école et j’ai fait mon premier court-métrage, que s’appelait “Film Track”, en une journée, donc, j’avais fait “Film Track”, avec 2 boîtes de pellicule, tourné en un jour, que s’appelle “La Dernière Ligne” [???] Et d’un seul coup j’ai découvert, c’est du 16mm noir et blanc, mais ça a été une captation. Je ne sais pas… Le cinéma sur pellicule m’a complètement fasciné et après je n’ai plus fait que du Cinéma. Mon véritable apprentissage de l’image, ça veut dire, cinématographique, oui, c’était la video. Et après j’ai appris, je ne sais pas, encore plus dans “Les Chiennes”, quand on tournait avec un tout petit budget, très peu d’éclairage, on a fait ce film aux Azores, au Portugal, en cinemascope noir et blanc – en vrai cinemascope – et j’ai renoué cette histoire mexicaine qu’es le culte de Mythras, le culte du soleil, bien que le culte de Mythras est plutôt délirant… Les aryens, je veux dire… Zaratustra, les vrai cultes de Mythras… C’est pour ça que Cinéma touche a tant de choses. Et quand tu es en argentique, c’est vraiment, disons, la lumière du soleil que brûle, que grave la formule chimique de la pellicule. Grrrrrrr…. Et j’était tout a fait fasciné mais par l’expérience. C’est le fait de se lever très tôt, de partir a 3 heures et demie du matin comme j’ai refait l’expérience dans de petits films – ou tu m’as bien soutenu a l’époque… de “Silêncio” qu’était un documentaire affectif, comme je disais, sans aucuns moyens, avec 9 boîtes de pellicule, en revenant après plus d’onze ans d’absence au Portugal. Et c’est un film que croisait un petit peu la question de l’invention de notre ami Murnau qui avançait “l’aube mélancolique” – qu’est le fait de tourner l’aube au crépuscule et ça ne marche qu’e noir et blanc, d’une part, et ça fait une aube totalement dépressive. Et tu vois, tu n’as pas les températures de couleur en noir et blanc, que n’interviennent pas, bien sûr… Alors ça, a force on voit que c’est pas l’aube, parce que c’est pas les mêmes ouvertures de diapo, pur, mais c’est pas du tout la même perception imaginable, ou sensible. Voilà! Et alors, on tourne toujours autour du pôle, Mythras, les dieux du Mexique, Maximilien et… Portugal… “O Desejado”… Alors, pour finir, si tu veux, j’ai beaucoup souffert pour apprendre, même pour vivre. Mais a la fois, si tu veux… tu mises, tu joue ton sang sur un plan… je spécule un petit peu… bien que la bataille semble perdue sur l’argentique. Je parle du cinéma qu’on doit filmer aveugle. C’est pas pratique, puisqu’on voit pas! On ne voit pas, avec l’opérateur… En fait c’est mieux que ce que tu vois. Je pense qu’a partir du moment, c’est même pas de la vidéo, mais dès que le gens ont commencé a avoir des écrans de control, c’était foutu, hein? Cette expérience aveugle que disparaissait. C’est même pas de ne pas tourner sur l’argentique… c’est même pas que le cinéma numérique arrive pas a parodier ou a imiter complètement. Je crois que c’est différent comme expérience – et c’est ce que je veux dire: cette expérience avec le cinéma argentique produit une différente de tournage, de conception, de douleur, d’économie, de potlach (parce que ça coûte très très cher) – donc, l’expérience, aussi bien des acteurs, que des techniciens, que du réalisateur elle est différente, un peu. J’ai trouvé que c’était bête de jeter tout ça par dessus le bord et donc j’ai écrit ce livre que s’appelle ” Mercure Insolent “ – que tu as, je crois. Et c’est même pas fétichiste! Je respecte beaucoup mais a la même foi j’aime beaucoup le “trashdance” de la video, tu vois, de la video plus encore que du numérique, qui n’est pas une imitation, car c’est bien filmé. Et re-filmé, d’ailleurs. Et je trouve que c’était bête d’avoir supprimé complètement ça de la projection en argentique. Parce que si tu soignes beaucoup… j’ai beaucoup aimé quand je suis revenu au cinéma après presque dix ans d’absence et découvrir finalement le statu-quo de l’argentique et du numérique. Tu pouvais faire un film ou intervenir de la video, du 16mm, du super-8, du 35, du numérique, enfin, bon, tu vois ce que je veux dire. Et le fait de comme ça, j’ai trouvé ça super de pouvoir faire e ce cinéma hétérogène, hétérodoxe, pas orthodoxe, et que paraissait intéressant. Et je pleure quand même un peu l’argentique puis, tu vois, c’est presque sexuel, c’est un truc que j’ai pour la pellicule. Et ça, c’est autre chose!
PÊRA – Mais quand-même, dans ton livre, je crois qu’il y a une autre question, ça n’a pas vraiment a voir avec la pellicule, parce que, bon, dans les films européens, oui, mais dans Hollywood on a tourné beaucoup en 35 mm- mais sans point de vue. Parce que ce que tu défends c’est de tourner avec un point de vue et qu’avec le numérique on perd le point de vue. C’est ça, un peu?
OSSANG- Pas exactement! Ce que je peux pleurer aussi, c’est… et le Cinéma muet que revient d’ailleurs, que revient indirectement, je pense, depuis une trentaine d’années, un peu, avec notre génération. Mais que revient dans sa pure éthique, et l’éthique du cinéma muet que revienne…
PÊRA – Silent movies bruitistes?
OSSANG – Voilà, voilà! Mais a la fois aussi ce que je regrette, ce qu’on voit que disparaît, je pense, c’est un certain cinéma européen, que semble s’être complètement effacé, que n’a plus d’argent pour un cinéma d’auteur qu’était aussi engagé a un moment donné, ou le récit littéraire s’effaçait aussi, pour des raison idéologiques. Et c’est un peu le cinéma des années 60 a 80, on pourrait le dire, ou comme ça. Il y a des grands récits de communauté que sont européens, aussi, un autre Cinéma, un petit peu… Ce qui dit, dans “La Chinoise”, Godard, quand il parle de cinémas nationaux en alliance contre l’hégémonie du cinéma d’Hollywood. Donc, il y a le Cinéma Nouveau brésilien, par exemple. Je suis grand fan d’Eisenstein mais aussi de Glauber Rocha, par exemple, j’ai une grande admiration pour Glauber. Alors, dans le livre, ce qu’est amusant c’est qu’on m’avait un peu demandé cette idée, “ce serait bien que tu écrives…” Et ce qu’est très curieux c’est que dans le livre, tous les trucs sur lesquels je m’appuie pour faire rebondir la pensée ou le questionnement, c’est que de la poésie. Et ça n’est pas du tout une coquetterie, c’est la vérité. C’est a dire qu’en fait, la vérité de l’âge d’or du cinéma muet, ou disons, en tout cas, chez les français, chez les européens, beaucoup chez les français, il y a une passion, disons, des avant-gardes pour le Cinéma, tu vois. Donc, les poètes d’avant-garde se passionnent vraiment pour le cinéma muet. Alors qu’au contraire, le cinéma est rejeté par les prosateurs qui voient un concurrent. Par exemple des Duhamel déteste ça… Alors que des Roger Gilbert-Lecomte, des Antonin Artaud, des Blaise Cendrars, sont passionnés pour le cinéma muet. De même qu’il y a un défi du cinéma par des gens comme William Burroughs, Antonin Artaud… De même, le cinéma du grand auteur sudiste, comment il s’appelle… “Tandis que j’agonise”…
PÊRA – Faulkner.
OSSANG- Faulkner. Il avait tout a fait le mise a jeu du montage. De même que dans les “Cantos” de… de notre ami… Ezra Pound. De même que chez Céline, c”est le repoussoir. Je pense que le cinéma a généré toute la révolution du récit littéraire, de la poésie et sans le cinéma il n’y aurait pas eu ce bouleversement de l’expression littéraire au XXème siècle, je crois, aussi. Enfin, tout ce mélange. Ce qu’on peut dire aussi c’est que du cinéma européen, du cinéma nouveau brésilien, ou du cinéma du tiers-monde, d’une époque et qui est complètement en rupture avec le cinéma d’Hollywood. Quoique j’adore aussi un certain cinéma d’Hollywood, qu’est le cinéma… le film noir, la série B
PÊRA – Moi aussi…
OSSANG – J’adore “Pandora”… et les russes, que tournait vraiment avec d’économie. Je ne sais pas le point de vue, exactement, puisque le point de vue, bon… Je sais pas forcement le temps… c’est le choix, c’est le défi, c’est le… hop!, je sais pas comment dire… Du point de vue, je sais plus, si le regard… mais, a la fois… enfin, non, je pense que le cinema nativement du numérique c’est l’esthétique, c’est forcement l’esthétique et la morale de la surveillance! Et ça peut être intéressant aussi du coté de l’hasard. Puisque je dis aussi que le Cinéma est l’art de l’hasard mais au sens le plus noble du terme. J’essaie d’expliquer ça, je peux pas tout raconter, je me rappelle plus… Nous sommes professeurs… Quand j’écris j’arrive, et j’écris aussi quelques fois parce que j’arrive pas a produire la pensée par la… par la parole orale, quoi. Le fait d’écrire c’est, c’est… Je savais pas aussi bien dire que j’essayait de le produire… dans le livre. Non, je ne sais plus parce que après ça mon point de vue change. Voilà!
PÊRA – J’avais dis ça parce que, quand les films sont dominés par la production et non pas par l’auteur, le producteur veut plusieurs points de vue pour après décider ce qu’on va faire.
OSSANG – Voilà! Et c’est très intéressant aussi parce que je lisais… je suis un fan aussi de Orson Welles, par exemple. Bon, on lui rend hommage mais c’est vrai que j’entendais quelques fois des conneries en société, ‘Oh, oui, Orson Welles est surestimé!’ Donc j’avais tendance a encore plus me passionner pour Orson Welles! Il y a un livre là qu’est très chouette, que vient de sortir, ou justement Welles s’insurge contre le producteur… alors, comment il s’appelle?… Le dernier des nababs, qui a beaucoup inspiré… Comment il s’appelle, ce type, qui est mort assez jeune… et il dit que c’est Satan. En fait que… c’est très chouette ce que dit Welles, puisqu’en fait il dit qu’il a inventé, qu’il a convaincu ces pauvres scénaristes que ça faisait besoin d’un producteur pour savoir écrire des films. Ils étaient pas sur d’eux-mêmes, il les a mis en esclavage. Tu sais, c’est le, comment il s’appelle, en fait, c’est un producteur… C’est un producteur… c’est très intéressant ce qui dit Welles, que c’est connard…
PÊRA – C’est Thalberg?
OSSANG – Non. C’est celui qui a inspiré “Le Dernier Nabab” de Scott Fitzgerald.
PÊRA – Cest pas Thalberg? Irvin Thalberg?
OSSANG- Oui, oui. Toi, tu prononces bien!… Moi je dis Thalberg avec accent français (rires) Irvin Thalberg c’est Satan, c’est un ordure et un foutu du cinéma, Thalberg! De même c’est très intéressant, Orson Welles parce qu’il se contredit tout le temps. Suivant les époques, suivant les circonstances… Oui, parce que je pense que la vérité est toujours au point des contradictoires.
PÊRA – Quel est le premier film que tu te souviens de voir et quel l’étonnement… quelle mémoire as tu de cette projection?
OSSANG – Ah, c’est très curieux! Parce qu’en fait y’a deux films… Quand j’étais jeune je n’avais pas la télévision. Mes parents n’avaient pas la télévision et j’avais juste la télévision chez mon Grand-Père. Donc, j’ai vu beaucoup moins de films que d’autres, en plus j’étais perdu dans un trou de province. Alors il avait un fil dont je me souviens que m’avait perturbé énormément… ça va te faire rire… je pensais que le film s’appelait “Maximilien”. Et c’est un film, en noir et blanc, que j’avais vu à la télévision, parce qu’a l’époque, dans la télévision française il y avait une projection à cinque heures le dimanche après-midi. Alors je ne voyais la télévision que quand j’étais chez mes Grands-Parents – qui m’ont élevé toute ma jeunesse – ensuite, un peu plus grand, je… j’y allait des fois, de temps en temps, la semaine, je dormais chez eux où – parce que mon père était souvent en voyage – et le weekend. Alors, le dimanche après-midi j’avait vu ce film que m’a absolument ébloui, qui m’a attristé, que m’a mis en larmes, ça m’a produit une affliction terrible et c’était Maximilien du Mexique, tu sais, la funeste expérience de Maximilien du Mexique de Habsbourg, soutenu d’abord par Napoléon III – et ensuite lâché. Ça a devenu très violent… parce que d’abord il était appuyé, c’était un Habsbourg qui était devenu, comment dire, Empereur du Mexique – et il y a eu pas mal de films américains, d’ailleurs, que se moque de cette expérience. Ça se moque des plumages des européens, les cuirasses… C’est la période aussi, je pense, de la Guerre de Sécession là-bas, américaine. Alors il y a une fusion que ne s’est pas encore très bien faite entre les sudistes et les Français. Alors, bien-sûr il a été très désavoué… Heureusement j’ai appris ensuite qu’il faisait vraiment partie de l’inconscient populaire… mexicain… du petit peuple… C’est le dernier Empereur du Mexique. C’est Maximilien du “Mexico”. Ça a très mal fini! Le film m’avait bouleversé. C’est un film en noir et blanc… Je crois que sa femme, si je ne me trompe pas, elle est jouée par… une actrice qui joue dans “Qui a-t’il arrivé a Baby Jane?”, tu sais..
PÊRA – Oui, oui.
OSSANG – Comment-elle s’appelle? Une actrice avec des yeux grands comme ça… Un peu exophtalmique, très expressive…
PÊRA – Bette Davis?
OSSANG – Bette Davis! Je ne sais pas si c’était elle mais… il me semble… Et donc c’était sa femme. Et sa femme était Charlotte de Belgique. Et ensuite ça a très mal fini parce qu’il n’a pas voulu partir, ils ont été cernés et il a fini quand-même fusillé. Donc il a été mis-à-mort.
PÊRA – Alors, t’as eu plutôt peur…
OSSANG – Non!… C’était terrible. Parce qu’ensuite… quand ça se passe mal… les armées françaises se retire, lui, il refuse de se retirer, je crois pour ne pas abandonner les Mexicains qu’on pris parti pour lui. En fait c’est un type qu’est intéressant parce qu’il est quasiment le premier de la colonisation (ce film m’a complètement bouleversé et donc je me suis intéressé a lui) et donc lui et sa femme Charlotte était un couple qui n’avaient pas d’enfants – et donc il avait adopté le descendant du premier Empereur du Mexique, qui était en effet un officier loyaliste qui a du prendre, et qui s’est jamais remis et qui est mort dans l’affliction aussi… je ne sais plus… et donc c’est enfant qui était descendant du 1er Empereur du Mexique et je sais pas s’il n’avait pas une ascendance portugaise aussi… Il l’avait adopté parce que, comme ça, si tu veux, je ne sais pas s’il n’était semi-indigène, je ne sais plus, il avait toute une histoire comme ça, et c’est le premier personnage colonial, si on peut dire, colonial et post-colonial, a s’être passionnément intéressé a l’ Histoire pré-Colombienne du Mexique.
PÊRA – Mais, toi, comme spectateur, alors, ta première expérience c’est plutôt la croyance et la peur plutôt qu’en émerveillement.
OSSANG – Ah non!, c’était un émerveillement parce qu’ensuite sa femme, après qu’ils soient abandonnés par Napoléon III puisque la guerre était intenable et coûtait très cher, quelque [ … ] était perdu… et ils partent. Et alors a ce moment-là il est très risqué pour Maximilien de se maintenir juste avec ses “aficionados” mexicains… Et donc, sa femme, Charlotte de Belgique part demander l’aumône a toutes les cours d’Europe pour ne pas abandonner Maximilien au Mexique. Et, en fait, lui, i va finir fusillé… et elle… elle va finir folle… et on l’a vois errer, comme ça, dans des cours de palais… européens. Et j’ai recherché tout le temps ce film. Ce film, c’est ce qu’est amusant, c’est que j’ai recherché toute ma vie, finalement, je parlai tout le temps de “Maximilien”, j’ai vu “Maximilien”, ce film qu’était, enfin, dans ma mémoire c’était un des films que m’avait plus bouleversé. Je devrais être petit, de 12 ou 13 ans, mais ça m’a bouleversé… j’ai toujours aimé l’histoire…. Comme je suis un fan, par exemple, je suis un grand fan, c’est pour ça que j’étais ensuite en l’Italie et j’étais très ému d’être sur les sites de… de Cana Batalla, la victoire effarante de Hannibal, au sud d’Italie et il parait la fin funeste de sa fiancée une italienne qui a été offerte par un chef local. Donc, il y a justement les salines de Margherita de Savoie, il y a tout un secteur que s’appelle “Alma Danata”, parce qu’elle a été ensuite… les Romains l’ont lapidée. Ils l’ont refusé tous les honneurs… elle a été morte quasiment sans sépulture, elle est donnée, quoi. C’est curieux, quand j’étais enfant, j’étais comme ça… j’étais assez porté par une rêverie soi d’une lumière d’identité, ou d’une identité solaire, je ne sais pas, pour moi c’était le Mexique… les bals…
PÊRA – Qu’est-ce qui t’étonne dans ce siècle… dans le cinema…
OSSANG – Je ne sais pas… J’étais très marqué justement par le Mexique, j’ai lu assez de trucs autour des Livres des Morts Mexicains, que sont des livres d’images. Ce que m’a intéressé aussi, je ne sais pas si c’est lié a ça, mais en fait j’était intéressé par tout ce qu’était les Mayas, les Aztèques, ce monde solaire, avec un trait assez cruel vif comme ça, tous ces hiéroglyphes mexicains… Et pour moi le Cinéma était lié au soleil. Je pense que le Cinéma argentique, notamment et la résurgence d’une expérience très intérieure et lointaine, solaire, que n’est pas devenu dans la culture européenne depuis, depuis des siècles – et qu’est réapparu, si tu veux, grâce a cet erreur technique… et artistique… qu’est le ” Kinomatographe”.
PÊRA – Qu’est-ce que c’est le “Kinomatographe”?
OSSANG – Le Cinéaste que je trouve qui est le plus effarant, le plus essentiel de tous c’est Eisenstein! Et avec Eisenstein on revient encore au Mexique… Et alors je fini juste sur la validité de la mémoire, je recherchai toute ma vie, je disais a tout le monde, mais comme ça… Qui a fait ce film… Mexicain… ce film sur l’Empereur Maximilien du Mexique. Et finalement le film ne s’appelle pas “Maximilien” mais “Juárez” [Benito Juárez]… qui a battu… et ce qu’est très amusant c’est qu’après Juárez a pris… il y’a des confusions dans ma mémoire, c’est ça le Cinéma… les souvenirs dans la mémoire sont encore plus lointains, si je crois, puisque… tu vois, les films, on invente des plans que n’existe pas. Tu vois, moi, par exemple, j’ai inventé des plans, par exemple, en voyant “Intolérance”. Donc j’avais un souvenir de plans que n’existe pas.
Et c’est pour ça que je voudrais faire… enfin, j’ai revu le film et j’avais ajouté des plans dans ma mémoire. C’est pour ça que j’ai voulu des plans plus tard… Dans ma mémoire j’avait inventé des plans… Et de même. si tu veux, je le savais pas, ce film m’a extrêmement marqué… Et Juárez était joué par “Scarface”
PÊRA – Ah oui?
OSSANG – C’est le même acteur qui joue “Scarface”. Le premier “Scarface”, tu vois…
PÊRA – Paul Muni.
OSSANG – Paul Muni. C’est Paul Muni qui joue dans le film. Alors c’est un film, en fait, tout le monde se moquait: c’est un petit film historique.. en fait c’est un très beau film… d’un cinéaste américain avec un nom allemand… William Dieter. C’est un film de William Dieter que s’appelle en fait “Juárez” et qui est écrit par John Huston, qui est aussi très lié au Mexique… Et le film m’a toujours également ébloui… C’est un très beau film. Je ne sais pas si je l’ai vu a la télé… C’est un copain qui m’a dit: je te jure, j’ai vu le film, il s’appelle pas du tout… Alors quand je suis allé au Mexico, j’ai visité, comme ça, c’est une histoire incroyable… le château, où… c’est trop… le personnage… c’est un Maximilien d’invention de ma part… mais, oui, j’aime bien ce personnage… et je crois que c’est Carlos de la Fuente qui racontait que dans l’inconscient populaire du tout petit peuple mexicain, il y’a une vénération de Maximilien et si ça avait marché ça aurait… quand tu lis… tu sais… comme quand tu lis “Under the Volcano”, “Sous le Volcan”, le grand roman, et il dit que la malédiction du Mexique c’est d’être si prêt des États-Unis. “The USA”…
(À SUIVRE)
©EDGAR PÊRA PRODUCTION BANDO À PARTE